Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
28 février 2007 3 28 /02 /février /2007 21:16
Je crois que je vais plutôt à l’encontre de la mode ambiante. Mais j’ai trop foi au débat politique pour qu’il soit ainsi escamoté.

La démocratie participative semble fleurer bon la démocratie tout court alors qu’avant tout, notre démocratie est représentative. C’est-à-dire que le pays est structuré de plusieurs couches qui permettent de sentir et de transmettre les besoins de la base et les décisions du sommet.

Comme dans une grande entreprise qui ne peut pas se passer de management intermédiaire.

Mais justement, avec la crise de la citoyenneté, on dit qu’il y a crise de la représentativité. Que les représentants du peuple, en premier lieu les parlementaires, ne représentent pas la société, car il n’y a pas assez de femmes, pas assez de jeunes, trop de fonctionnaires etc. Ou plus simplement, qu’ils ne représentent pas ceux qu’ils sont censés représenter, comme les syndicats.

Alors, quelle solution nous donne-t-on ?

Une certaine forme très perverse de populisme.

Je ne veux pas parler de démagogie, car en campagne électorale, la démagogie est monnaie courante et classique, et finalement, ceux qui croient aux nombreuses promesses sont un peu naïfs quand même.

Je veux parler de la tentation de court-circuiter ces corps intermédiaires pour dialoguer directement avec le peuple. Un peu à la manière du Général De Gaulle ou de Napoléon III.

Sur le principe, je ne suis évidemment pas contre. Le suffrage universel direct est un élément essentiel dans notre démocratie. Le référendum est une méthode inattaquable pour faire les grandes réformes de notre pays.

Mais ça aboutit à des comportements totalement inquiétants et ridicules.

Le sommet de la campagne, à ce jour, était le passage de Ségolène Royal dans l’émission de TF1 « J’ai une question à vous poser » le 19 février 2007.

Le principe même de l’émission est affligeant, je l’ai déjà écrit ici, car elle ne permet pas au candidat de présenter la cohérence de sa démarche politique.

Au contraire, il est question de répondre rapidement aux interrogations du « peuple », un peuple soigneusement choisi comme faisant partie d’un panel représentatif. Représentatif de quoi ? de qui ? sans doute élu par les instituts de sondage.

Et le résultat, c’est surtout de tester la spontanéité du candidat, son esprit de répartie, sa capacité à improviser, à être franc ou langue de bois.

Mais ça donne une ambiance de clientélisme généralisé.

Pourquoi ? Parce que chaque personne qui pose sa question le fait en fonction de ses propres soucis : le demandeur d’emploi, l’étudiant, l’ouvrier, l’enseignant etc. et ne songe (dans ce rôle) qu’à son intérêt particulier.

Or, un homme politique doit d’abord penser à l’intérêt général qui ne va pas forcément dans le sens de l’intérêt particulier de chacun.

Ainsi, cet ancien alcoolique qui explique qu’il est nécessaire de mener contre le vin et l’alcool en général la même bataille que contre le tabac, alors qu’à côté, un viticulteur attendait son tour pour raconter ses problèmes économiques face à la concurrence étrangère...

Le grand succès de ce type d’émission, qui est, entre parenthèses, un véritable renoncement au journalisme politique dont le but est de bien connaître les dossiers pour rectifier les erreurs des candidats, ainsi que l’affluence des forums participatifs organisés par Ségolène Royal n’ont en fait qu’une explication : le besoin des gens à être écoutés.

Mais un candidat à l’élection présidentielle n’est pas candidat à élection locale. L’élu local, maire ou parlementaire, s’est transformé depuis quelques temps en véritable assistant social dans sa permanence et doit résoudre des problèmes particuliers de logement, d’emploi, de tracasseries administratives... L’élu national a en charge le destin du pays, il doit être là pour gouverner même si les mesures nécessaires sont impopulaires.

Et le grand risque d’une pratique participative de la démocratie, c’est l’absence d’intermédiaires, c’est finalement l’arbitraire de l’interprétation des doléances du peuple. En quelques sortes, c’est revenir aux cahiers de doléances... et rapidement aboutir à une incohérence propice à un verrouillage ultérieur du régime.



(1) http://www.presidentielles.net/mllecanarde/index.php?2007/02/20/35-devoir-d-inventaire
(2) http://desmotsetdebats.blogs.liberation.fr/discours/2007/02/vraies_gens_et_.html
(3) http://www.leparisien.com/home/info/faitjour/article.htm?articleid=275998220
(4) http://www.liberation.fr/actualite/evenement/evenement1/236186.FR.php
(5) http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-823448,36-868585@51-853571,0.html
Partager cet article
Repost0

commentaires

F
Fichtre, le mot de la fin fait froid dans le dos... 
Répondre


 




Petites statistiques
à titre informatif uniquement.

Du 07 février 2007
au 07 février 2012.


3 476 articles publiés.

Pages vues : 836 623 (total).
Visiteurs uniques : 452 415 (total).

Journée record : 17 mai 2011
(15 372 pages vues).

Mois record : juin 2007
(89 964 pages vues).